A propos de mon exposition, en janvier et février 2014, à la Maison des Artistes au Haut de Cagnes.

Cet hiver Jacqueline Mattéoda tricote une œuvre en strates, geste après geste. Elle présente un travail de laine, tricotée, détricotée, rembobinée dans lequel la vidéo agit comme un témoin du temps des œuvres et de leurs filiations. Elle tricote aussi chaque jour des journaux, elle tisse les informations graves ou dérisoires. Elle met en lien ses tricots de papier journaux avec l'enregistrement sonore de ses mains au travail. Elle donne ainsi de la voix aux mots écrits et à la réalité de ses gestes. Un bruit étrange nous arrive, les cliquetis du monde et de son propre monde intérieur.

Ensuite, durant le temps de l'exposition, JM, comme elle aime s'appeler, déplacera au premier étage son atelier dans nos murs : des œuvres anciennes ou en cours y seront stockées. Mais plutôt que de fabriquer des œuvres plastiques, elle a choisi pendant ce mois de février de continuer à écrire son « roman noir ». Car c'est une artiste noire qui s'autorise à « tuer par les mots ». Il s'agit là d'une personnalité anticonformiste, loin du politiquement correct.

Cette grand-mère n'est pas sage ! Elle tricote puis brouille les pistes, tantôt sérieuse, souvent ironique, anarchiste. Elle œuvre avec régularité et obstination dans la répétition des gestes de tricotage mais, en parallèle, elle a décidé de fabriquer ses « bêtises », comme elle les nomme, qui lui permettent de concevoir avec humour des objets hétéroclites et frondeurs.

Anne Sechet 2014

Retour à l'accueil