Découvrir et connaître un artiste correspond à un contact privé et public. En général public à l’occasion d’une exposition en galerie ou dans un salon thématique, mais toujours privé si l’on s’attache à contempler l’œuvre présentée et, quand on est réceptif, décidé à aller de l’avant. Complice, en quelque sorte, d’une démarche qui peut demeurer intime, pour se développer officiellement par la suite .

 

Jacqueline Mattéoda se dévoile dans une galerie personnelle : le Chat Rafi, au vieux Cagnes. L’ambiance y est originale. D’emblée sera perçue une atmosphère, un éclectisme libre dû aux trouvailles, à la quête permanente, au hasard d’un voyage, d’une randonnée…

 

La présentation d’une épave, haussée à la dignité d’une pièce d’art, juxtaposée à des créations, élaborées et savantes, s’énoncera comme un sésame. Cette caverne d’Ali Baba est constituée de deux caves de rez de chaussée communicantes, aux murs éclatants de blancheur.

Elles se manifestent comme un décor stable, mais aussi renouvelable que la scène d’un théâtre. La variété est à l’ordre du jour, suivant le planning d’une galerie, réservée à l’intimité d’un atelier ou à la confrontation d’artistes amis. La continuité se fonde ici sur une philosophie de l’enthousiasme, sur l’acceptation des aventures. La protection de l’élan créateur autorise la succession d’expositions diversifiées, fidèles à l’esprit des lieux.

 

L’exposition actuelle « Bidon » est consacrée à une collection d’œuvres de l’artiste.

Un bidon cabossé trouvé sur la plage, engage l’exposant et ses visiteurs dans la complicité évoquée ci-dessus.

Duchamp proposait des bidets ou des roues de bicyclette par souci de dérision et parce qu’il était le champion du dadaïsme qui fut un combat révolutionnaire. Je ne pense pas que l’exposition « Bidon » arbore des couleurs philosophiques et qu ‘elle se veuille dérivée de Duchamp, de Klein,  de Fluxus ou du Pop-art. La pensée est surtout amicale, soucieuse de nous faire apprécier le miracle de l’épave magique, roulée par la mer ou la plastique des ampoules pharmaceutiques qui voisinent avec l’accumulation de brosses bleues…

 

Jacqueline Mattéoda nous livre l’incongruité au même titre que ses propres œuvres, ses rouleaux de cordes, ses matières plastiques, ses écrans lumineux, sa découverte de l’ambiguïté de Léonard de Vinci…Elle nous apprend à voir.

Humblement, ses constructions ornent le mur comme l’objet trouvé, décomposé, aménagé, réajusté. Un festival de lignes, de couleurs, de mécanismes scientifiques et de créations spirituelles nous transporte dans un autre univers. A nous de comprendre ce message, il n’est pas négligeable.

 

Cagnes sur Mer. Septembre 2010

 

MICHEL GAUDET

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